La-hijra-des-meunier

Tanger: la surprise...

Apres un mois passé en France ou j’ai pu me requinquer une peu, faire un checkup santé et mon premier examen de grossesse, nous voici reparti cette fois ci pour le Maroc, notre dernière destination. Tanger plus précisément. Si il y avait une ville qui m’a le plus plu des le début dans ce pays que je connais bien, et dans lequel je me voyais bien installer, c’était Tanger. Mais je devais la faire découvrir à Philippe et voir si l’alchimie prenait pour lui aussi.

Nous étions partis ensemble à Fès au début de notre mariage, et au-delà de la beauté de la ville, l’atmosphère ne nous a pas plus. Il n’était donc pas chaud pour le Maroc.  Jusqu’ici Londres pour nous deux et Istanbul pour moi était dans la course. Mais pour Philippe, la Turquie avait un énorme inconvenant : la langue. Pour moi aussi d’ailleurs, mais j’étais prête à tenter le coup. La magie d’Istanbul avait agi  sur moi. Et les turques m'ont littéralement séduite.

Nous partons donc pour deux semaines dans la ville blanche. Pour moi, c’est mon 5 ème séjours au Maroc. Nous descendons dans une hôtel formule un,  dans la partie moderne de la ville, en face de la corniche.

 

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Dès le premier soir Philippe me confie ne pas aimer l’endroit. Je lui précise qu’il n’a pas encore vu la ville et que pour appréhender  Tanger, c’est dans son centre, au cœur qu’il faut aller.  Le lendemain nous partons donc au port, et dans « la middle » ville. Nous arpentons les ruelles sinueuses et tout en relief.  Ça monte, ça descend… Sur ces hauteurs nous apercevons par endroit la mer et le port. La vue y est magnifique.

 

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Tanger m’a toujours fait penser à Alger, mais en mieux. Plus petite, moins stressante. Il fait encore très beau, alors que nous sommes qu'en septembre. Le vent souffle fort et attenu un peu la violence du soleil. Il parait que le vent rend fou les tangérois, car il souffle tout le temps. Tanger a beaucoup changé depuis mon dernier passage il y a 4 ans. La ville moderne s’est étendue et des immeubles ont fleuries partout. Il y a même des Molls en construction en face de la nouvelle gare et du vieux port.

Des chantiers en veux-tu en voilà. Les ports Tanger Med 1 et 2, pour la marchandise ainsi que les ferries et la reconstruction du vieux port pour accueillir des bateaux de plaisance ont complètement bouleversés la région. Tanger se modernise et souhaite faire venir une jetset autant occidental qu’Africaine. Nous ressentons les effets immédiats de ces changements, dans les prix qui ont considérablement  augmentés, mais aussi dans l’explosion de la pauvreté. Il y a 25 ans de ça, lors de ma venue pour la première fois au Maroc, la mendicité était ce qui m’avait le plus frappé. Des années plus tard elle ne se voyait plus, le roi ayant agi pour éradiquer sa "visibilité", plus que sa cause.

 

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Aujourd’hui c’est de nouveau l’explosion. Entre les enfants, les toxicos et les personnes âgés, il y a en plus les africains clandestins, en attente du fameux passage et se retrouvent bloqués ici avec comme seul alternative, la mendicité. Certains avec qui nous prenons le temps de parler, nous disent ne pas trouver de travail car les marocains refusent de les employer. On a beaucoup de peine évidemment, car nous savons combien les arabes sont racistes envers leurs frères africains. 

Nous voyons dans certains endroits malgré tout, des employés africains, et j'assiste parfois à la générosité des marocains face aux mendiants. Nous observons un vrai manège qui se joue, ou certaines femmes se couvrent d’un hijab et avec des bébés. Elles font la manche, près des feux ou à l’entrée des boulangeries. Cela me fait penser aux Roms en Europe. Je vois même un jour une femme marcher avec un homme qui porte un bébé, celle-ci est voilé et leurs vêtements a attiré mon attention. Je les retrouve plus loin, mais cette fois ci la femme est seule. Elle porte l’enfant et est assise par terre dans une rue très  fréquenté, lieu stratégique, en train de mendier.

Et je me demande s’il n’y a pas un trafique la dessous d’exploitation de femmes et d’enfants. Evidemment rien n’est blanc ou noir. Il y a comme partout des abus de tout coté. Mais on voit quand même des gens dormir dehors et faire les poubelles (je ne parle pas des chiffonniers).

A un moment au centre-ville, il y a un homme qui nous demande à manger. De la nourriture et non de l’argent. Evidement encore, cela nous touche. Il nous demande si l’on veut bien lui acheter quelque chose dans un magasin à côté. On y va et nous lui prenons des trucs. Il demande des gâteux et là je fonce les sourcils. Je lui dis que ce n’est pas de la vrai nourriture et il me parle de ses enfants, ou des enfants de sa sœur, bref je sais plus et ma méfiance s’atténue 30 secondes. Mais on ressort avec une impression étrange quand même.

Le phénomène se reproduit deux fois. La seconde fois, un autre homme nous amène dans un « hanoute » et prend pour presque 10 euros de produits. Evidement je ne me retrouve devant le fait accompli qu’en face du vendeur, les prix n’étant pas affiché. On ressort énervé. Là, nous comprenons que nous nous sommes fait avoir comme des bleus.

La troisième fois, c’est le même que la première fois, il ne nous a pas reconnu évidemment et on l’envoie baladé. On comprend que ce sont des toxicos. Ils se reconnaissent facilement en vrai, mais nous n’avions pas fait attention, n’étant pas sur nos gardes et surtout n’observant pas beaucoup. Les vrais mendiants se reconnaissent à leurs vêtements et leurs conditions générales. On comprend qu’il doit y avoir un trafic de revente de produit ou un truc comme ça. On nous le confirmera plus tard. En tout cas ils gagnent plus de cette façon qu'en prenant quelques dirhams. On se dit qu’on ne donnerait plus qu’aux femmes et personnes âgés.

 

Malgré ça je sens que Philippe commence à être sous le charme. J’attends la deuxième semaine pour le lui demander franchement. Et il l’est. Nous passons alors en revu les pays aimés, ceux que nous avons sélectionnés, notre top 3, et de mettre les pour et les contres face à face.

  • Londres : c’est cher, proche, on y parle anglais (qu’on ne maitrise pas), c’est facile de s’y installer, on adore la culture et la ville mais c’est encore l’Europe. Le boulot on peut trouver, mais faut l’anglais professionnel.  Le racisme et l’islamophobie y sont quand même présent même si ce n’est pas la France, la bouf mitch mitch et surtout le temps n’est pas toujours au beau fixe. Mais on est en accord tous les deux sur ce choix.
  • La Turquie pour moi : Philippe bloque sur la langue, donc la langue, c’est plus difficile de s’y installer, on peut trouver du boulot pas forcement dans notre domaine (on nous avait fait une proposition lors de notre voyage), la ville et la culture au top, on peut y vivre sa religion sans problème, la bouf bonne, par contre c'est cher, c’est un peu plus loin que Londres et le climat ressemble a celui de la France.
  • Thaïlande pour lui : c’est loin, c’est très difficile de s’y installer, le climat top, la bouf top, une grande majorité de musulmans y vivent en paix, mais la culture asiatique ne m’attire pas plus que ça.
  • Maroc : on est ok tous  les deux, c’est proche, on y parle français, climat top, bouf top, on peut trouver du travail, pas de problème en ce qui concerne la religion et la ville et la culture top, même si au niveau culture ce n’est pas l’occident (je parle d’événements culturels et non de la culture en elle-même évidement).

                   

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Il me dit qu’il se voit bien ici et que la ville n’a rien à voir avec Fès, ce que je lui avais dit.

Alors c’est bon, notre choix est fait.

Tanger sera notre nouvelle maison et le Maroc notre nouveau pays. Chez nous c’est comme ça, on décide et hop directe on fonce.

Nous n’avons fait aucuns  lieux touristiques, pas même le vieille médina, mais vu tous les lieux, quartiers ou nous pourrions vivre et que nous fréquenterions si nous y vivons. Nous prenons les taxis, mais aussi les bus, mangeons dans des bouis bouis...

 

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Nous rencontrons un expatrier installé à Tanger depuis un an, d’origine marocaine, qu’une amie nous recommande. Il nous parlera de sa nouvelle vie ici, de son installation et surtout de tous les bons plans. Une vraie mine d’information. L’entraide c’est si important. Nous appelons une agence qui nous dira de revenir au moment où nous voulons nous installer, car les locations se font dans un délai de deux semaines grand maximum. Au-delà, les propriétaires apparemment ne vous prennent pas au sérieux.

Aussi nous appelons un agent que notre contact nous avait refilé, qui nous donne RDV dès le lendemain pour visiter un appartement. Nous en visiterons deux. Nous précisons que nous ne pourrons être la que vers fin octobre, le temps de tout régler. Il nous dit qu’il ne devrait pas y avoir de problème, qu’il en parlera au propriétaire. Il n’y aura qu’a laissé une garantie d’un loyer pour être sur que nous revenons et surtout qu’il ne rate pas d’autres occasions pour rien. Deux, trois signatures, photocopies de documents et nous voilà locataires au Maroc. On est déstabilisé...C'est pas la France!

Nous n’aurions pas pensé que cela fut si simple et si rapide. Notre salat Itikhara (prière de consultation) nous à ramener là, à Tanger...

Nous rentrons heureux d’avoir enfin trouvé notre nouveau nid, et surtout nous rentrons préparer notre départ.

                     

 

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La nature qui nous entour...



07/05/2015
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