La-hijra-des-meunier

L'installation première partie

Le départ est enfin arrivé. Apres avoir effectué les derniers achats, refait des cartons, envoyés ceux-ci via transporteur sur les Mureaux, nous chargeons enfin la voiture. Nous n’avons gardé que ce qui était fragile, qui avait de la valeurs ou dont nous aurions immédiatement besoin. Une valise de quelques vêtements, des couvertures et un peu de vaisselle.

Nous ressemblons et nous n’en sommes pas peut fiers, à des manouches, ou plutôt à des vrais bledards. Nous sommes si fatigué, mais si heureux. Ma mère pleure et je ne peux retenir moi même des larmes. J’imagine tout ce qu’elle ne me dit pas, la peur, l’appréhension, la séparation, la tristesse de cet exile en contre sens… Je lis dans ses yeux cette douleur en plus de celle de se retrouver seule et je ne peux m’empêcher de lui répéter pour la énième fois de venir nous rejoindre.

Elle me sourit, me fait oui de la tête, mais je sais.

Nous nous seront fort en larmes et elle nous fait mille et une invocations pour la route.

Nous voilà partis…

 

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Nous mettrons trois jours à traverser la France, l’Espagne pour arriver à Tanger. La route est longue et la voiture à quelques soucis. Sans compter qu’elle est extrêmement chargée et ma condition nécessite beaucoup de pause. Nous nous arrêterons à Bordeaux chez un amie, qui nous recevra comme des princes et nous permettra de mettre la voiture en sécurité pour la nuit. En Espagne nous choisissons un hôtel avec parking surveillé, mais nous ne sommes pas rassuré quand même. Toute notre vie est dans cette voiture.

Il n’y a personne à Tarifa, la traversé est rapide et nous voilà enfin chez nous…

 

Les douanes ne nous prennent pas la tête. Ils ouvrent juste un carton, de notre bazar. Tout ce qui est neuf est en dessous. Nous savons que nous avons le droit à UNE entrée avec toutes nos affaires, dont des affaires encore empaquetés, mais par la suite c’est 20% de taxe sur des produits neufs, afin de faire profiter le pays évidement. Mais on préfère ne pas tenter le diable. On nous demandera néanmoins si c’est pour une installation. On répond par l’affirmatif et on nous souhaite la bienvenu.

On sourit.

 

Nous prenons possession de notre appartement sans même signer quoi que ce soit. Le gardien nous attendait. Nous signerons le lendemain, sans aucun problème administratif et en moins d'une heure. C’est notre premier étonnement. Nous avons tant entendu sur l’administration au Maroc. Pour l’électricité et l’eau idem. En moins d’une heure également, c’est réglé.

Nous emménageons dans notre appartement. Ici on fait dans le familial, rien à voir avec notre cage à poule de Paris. C’est déstabilisant. On nous dit que le plus difficile sera de passer l’hiver ici. Nous sommes en octobre et il fait encore chaud. Le soleil toujours de sorti fait monter les températures à 20 degrés. Le matin elles ne descendent pas en dessous de 15. On se demande si cela durera tout l’hiver.

 

La seule galère qu’on aura sera d’installer internet. Depuis peu, les étrangers ne peuvent plus prendre d’abonnement, car beaucoup quittent le pays en laissant de grosses factures, après  plusieurs semaines d’aller-retour chez Inwi et Maroc Télécom, Philippe pense a leur proposer de payer une année d’abonnement à l’avance pour les rassurer… et ça marche.

 

Nous mettrons 3 mois à nous installer totalement, entre l’achat des meubles, la fabrication de certains que nous dessinerons nous même et les menus travaux. Le défaut de cette ville, il fallait bien qu’il y en ai un : il n’y a pas de choix de meubles. Pour moi ancienne décoratrice, il n’y en a pas tout court ! Le Maroc à un savoir faire artisanal hors du commun, mais quant il s’agit de faire dans le style occidentale, on est de suite plongé dans du conforma bling bling. Du coup on improvise, recup, chinage dans les puces locales, fabrication sur-mesure. On est pas à Casa ou Marrakech, mais le pire reste les prix hallucinants, neuf ou d’occas.

 

Faire ramener ces meubles reste la meilleur solution au final. Nous avions tout vendu et liquidé en lâchant notre appartement. Mais nos affaires personnelles avec un transporteur (qui fait aux Kg), nous est revenu au total 900 euros, alors qu’avec un transporteur perso en camion, le déplacement revient à 1500 euros. Quant on a des meubles c’est plus avantageux. Ikea, bien que je n’en suis pas fan, n’existe pas encore au Maroc. Son ouverture vers casa ne se fera qu’en 2016. La taxe pour l’importation de meubles neufs est énorme pour effectuer ses achats juste en face en Espagne. Mais certains le font quand même avec les frais de férie à 400 euro l’allez/retour.

Philippe commence ses recherches d’emploie, essaye de comprendre les codes et comment ça fonctionne pour lui dans son domaine.

 

Je suis à la fin de ma grossesse, et je n’arrive plus à marcher, pire encore qu'au début. Le déménagement, l’installation ont fait descendre le bébé qui s’est retourné, prêt à sortir. J’ai interdiction d’en faire plus. Mais c’est difficile car nous ne sommes que tous les deux.

Nous avons trouvé un super médecin généraliste (sur indication d'MRE installés depuis peu) qui me fait mon suivi de grossesse. Sur les conseils de mes amies marocaines, nous décidons d’accoucher en France. Les histoires d’antécédents avec le service hospitalier des uns et des autres, on eu raison de ma super motivation à accoucher ici. Je le regretterais car je rencontrerais plusieurs femmes, qui auront accouchés là, et qui me diront totalement l’inverse. MRE, expat, marocaines.

 

Au bout de 3 mois, nous voilà rentré en France. Je donne naissance à une superbe petite fille (normal c’est moi qui écris l’article). Le temps de faire son passeport et sa pièce d’identité, pour pouvoir sortir, nous voilà coincés encore 3 semaines.

C’est là que survient l’affaire des attentats du 7 Janvier contre charlie hebdo. La France se retourne et ses musulmans avec. Encore une affaire, encore des débats, encore ce climat dégelas qui nous a poussé à partir. On est dégouté. Pourquoi sommes nous revenu? Mes amis commencent eux aussi à envisager de partir et notre exemple les motive. Même les pires difficultés pour accoucher au Maroc, ne valent pas ce retour.

 

Heureusement le second départ arrive enfin. Nous sommes soulagés de rentrer chez nous. Tanger m’a manqué. J’avais une appréhension pour la petite de prendre l’avion si tôt, surtout pour ses oreilles. Sur les forums on conseil de donner au décollage un biberon pour que l’effet de succion, annule la pression des oreilles. Nous sommes chargés comme des mulets : poussette, cosy, multiples sacs. Nous prenons Royal air Maroc, contrairement aux autres fois (Rayan Air) pour avoir plus de place et surtout plus de Kg. Royal air Maroc autorise pour un BB d’avoir la poussette et le cosy gratuit en soute, ce qui n'est pas négligeable. On peut garder la poussette jusqu'à l’embarcation et on la récupère sitôt sorti.

 

Nous revoilà chez nous, autre ambiance, autre climat. Soleil, ciel bleu et sourire des marocains pour accueil.

Nous mettons beaucoup de temps pour trouver un rythme de croisière. Mais cette fois ci c’est bon, nous sommes là pour un bon bout de temps. Les choses ne font que commencer pour nous…



01/09/2015
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